Éclats de vie, éclats de voix

C’est à un cheminement de part et d’autre du Rhin que l’Ensemble vocal Variations a entraîné son auditoire, samedi soir, lors de son concert donné au Grenier Saint-Georges, à Haguenau.
Photographie : DNA
 
Créé en 1987et dirigé depuis 1999 par Damien Simon, l’Ensemble vocal variations réunit une trentaine de chanteurs amateurs motivés par une forte exigence technique et musicale. S’inscrivant résolument dans le paysage musical régional comme un ensemble de qualité, il se produit régulièrement à l’église protestante de Haguenau. Lors de ce dernier concert, c’est au grenier Saint-Georges, dans l’atelier du facteur d’orgues Quentin Blumenroeder, qu’il s’est produit.
 
Jeunesse perdue
Puisant dans un large répertoire allant du XVII e au XX e siècle, le programme de cet ensemble est toujours bâti autour d’un thème, d’un événement, d’un lieu. Cette année, le directeur Damien Simon a souhaité, tel un peintre impressionniste, offrir à son auditoire "des éclats de vie, de joie, de peine, en écho à des éléments de la nature, qui pour tous les eintres et compositeurs romantiques étaient une source d’inspiration très forte". Dans la première partie du concert, ce sont les romantiques allemands du XIX e siècle, Franz Schubert et Johannes Brahms qui ont été mis à l’honneur. Accompagné au piano par Francis Wirth, enseignant à l’EMM de Haguenau et concertiste réputé, c’est le chœur des femmes qui a ouvert le concert en interprétant Coronach, lied émouvant et profond, véritable requiem qui pleure la jeunesse perdue. L’ensemble au complet a ensuite chanté An die Sonne, hymne au soleil. Après un intermède musical au cours duquel Francis Wirth a interprété l’opus 94 n°3, les hommes ont chanté les beautés de la nature du printemps avec Mailied avant que Der Tanz ne célèbre la danse. Après cette partie dédiée à Franz Schubert, le comédien Jean Lorrain a introduit la pièce suivante en lisant un poème de Eichendorff, In der Fremde.
 
C’est avec quatre œuvres de Johannes Brahms que le concert s’est poursuivi. Sehnsucht chante la nostalgie de la jeunesse, le regret du passé et la vie qui comme l’eau imperturbablement s’écoule, tout comme ch schwing’mein Horn in’s Jammerthal. Mais fort heureusement la joie et la fête seront également célébrées grâce à Wechsellied zum tanze, introduit d’ailleurs par le poème Wahl d’Eichendorff et Tafellied, chanson à boire.
 
Avant que l’Ensemble vocal variations n’enchaîne avec les romantiques français du XX e siècle, c’est une Mazurka de Frédéric Chopin, interprété par Francis Wirth qui a marqué la transition. C’est avec un talent certain non seulement dans l’interprétation des textes mais dans le choix même de ses œuvres, que Jean Lorrain a su trouver le poème juste afin de créer l’ambiance, de susciter l’émotion propre à introduire l’œuvre musicale. Ainsi Bois meurtri d’éluard a précédé Un soir de neige de Francis Poulenc, L’homme et la mer de Baudelaire, la pièce de Vincent D’Indy, Sur la mer et Ophélie de Rimbaud, Le ruisseau de Gabriel Fauré. C’est avec Nocturne de Jean Guy Ropartz que ce merveilleux concert s’est achevé sur l’interprétation du prélude n°10 de La cathédrale engloutie de Claude Debussy par Francis Wirth. En une large boucle chantant la vie, ses joies et ses peines, illustrés poétiquement à l’aide d’émotions, de rêveries dont la nature aura été la source d’inspiration, l’Ensemble vocal variations, aidé par Francis Wirth et Jean Lorrain, aura su faire rêver, voyager le public dans l’univers des compositeurs romantiques. 

© Dernières Nouvelles D'alsace, Mardi 13 juin 2012 - Tous droits de reproduction réservés
Publié le 13/06/2012 | Retour à la page Presse | Précédent | Suivant