Un couronnement raffiné et coloré

Les Heures Musicales d’Ebersmunster ont donné l’occasion, pour cette "Messe du Couronnement"de WA Mozart, de goûter un plaisir raffiné et coloré. Concert Ebersmunter - 31 mai 2015
L’Ensemble vocal et orchestral Variations pour une superbe "Messe du Couronnement"de WA Mozart.
Photo L’Alsace/Gilbert Mosser
Il semblait jusqu’alors que la Messe du Couronnement , œuvre de Mozart, fut destinée à l’église baroque de Maria-Plain où l’on commémorait chaque année le couronnement de la Vierge. Mais cette hypothèse, longtemps admise sans réserve, semble aujourd’hui dépassée : l’œuvre fut en réalité créée à la cathédrale de Saltzbourg à Pâques 1779. Une autre légende court… Mais, toute œuvre d’exception devient une légende. Et on sait bien que dans toute légende se cache une réalité qui a besoin d’un voile de mystère pour être révélée et surtout… reçue. Néanmoins cette œuvre est belle, déclinant avec une profonde force de transmission, une solennité extraordinaire ainsi qu’une grandeur géniale. La configuration de la messe rappelle la succession des moments de l’office catholique : sonate instrumentale pour l’épître (motet pour l’Offertoire), ainsi la Messe du Couronnement reste un moment privilégié pour communiquer un impressionnant bagage spirituel. L’Ensemble vocal et orchestral Variations a su, dimanche, donner sans fioritures un raffinement coloré propre au grand génie de Saltzbourg. Beaucoup d’intériorité se dégage de moments qui forcément se métamorphosent lumineusement à commencer par le Magnificat KV 193 (1774) et la sonate d’église KV 274 (1777). On peut alors s’immerger dans la Messe du Couronnement KV 317 composée en 1779 pour accueillir en son cœur une jubilation surprenante. Au cours du Credo, c’est l’affirmation de belle puissance, pleine d’énergie qui s’impose et qui remplit chœur et cœur. La gravité contient tendresse et sensibilité ostensible où choristes et musiciens ont l’ardeur de se transcender. La si belle délicatesse musicale désarme les plus endurcis. Damien Simon, déjà virtuose espiègle, s’est ingénié à déclamer sur l’orgue Silbermann une œuvre de Claude Balbastre. Le chef tient son monde d’une main ferme avec une gestuelle d’une riche et fine précision, avec un art pétillant. La magie opère. On savoure l’ Alma Dei Creatoris et un Agnus Dei de toute beauté qui donne à entendre par la voix de Nathalie Gaudefroy celle de Gundula Janowitz de qui elle était l’élève. Kim-Marie Woodhouse, Seong Young Moon et Jean-Louis Georgel ont imposé une belle empreinte en tant que solistes. Dieu que ce fut beau et poignant.
Gilbert Mosser

© L'Alsace - Mardi 2 juin 2015 - Tous droits de reproduction réservé
Publié le 03/06/2015 | Retour à la page Presse | Précédent | Suivant