Variations sur la musique sacrée de Ropartz

Concert Ropartz
 
A l'occasion du cinquantième anniversaire de la mort du compositeur Joseph-Guy Ropartz, Strasbourg a accueilli un programme consacré à la musique sacrée du compositeur.
 
 
 
Il fut, de 1919 à 1929, le directeur du conservatoire de Strasbourg - son buste est d'ailleurs encore en place dans les anciens locaux de la place de la République - et le chef de l'orchestre municipal (Reflets DNA du 2 avril). Son oeuvre de compositeur est moins connue - l'audition d'un acte de son ouvrage lyrique Le Pays remonte, à Strasbourg, au festival de juin 1951, qui vit aussi la création, par Fritz Munch, du Stabat de Poulenc.
 
Il faut donc être reconnaissant aux interprètes de cette soirée - l'ensemble vocal Variations de Damien Simon et le chœur et l'orchestre Gradus ad Musicam de Nancy, à l'église Saint-Paul de Strasbourg - d'avoir construit une solide monographie autour de ces pages liturgiques écrites à Nancy notamment, où Ropartz résida pendant vingt-cinq ans, ou en Bretagne. Les cinq motets de 1900 s'en tiennent à un contrepoint palestrinien bien mené : chantées a cappella du haut de la galerie du chœur, elles sonnèrent ici avec effet. Avec orchestre et alternance de soli - ici pleinement affirmés par le baryton Jean-Louis Georgel - et de chœurs, Ropartz traite en motet versaillais un De profundis poignant, écrit en 1941 à la suite du décès d'un de ses fils. Le Psaume 136 pour choeur, orgue et orchestre, de 1897, a une force dramatique qui s'inspire des oratorios de César Franck, un modèle de Ropartz.
 
Dans l'esprit toujours de Franck, le Prélude funèbre pour orgue, de 1896, fut ici détaillé dans son juste climat sonore par Jérôme Montdésert, titulaire des orgues de Saint-Paul et professeur au CNR de Nancy. Il introduisait pertinemment le Requiem, qui aurait dû être créé à Strasbourg en 1938, pour les vingt ans de l'Armistice, mais ne le fut que l'année suivante à Angers.
 
Cette oeuvre apaisée laisse de côté les tourments du Dies Irae, mais serre son écriture dans un langage modal qui permet des progressions harmoniques sans rompre la ligne de l'ensemble - Aniella Zins s'y fit l'excellente interprète, en particulier, du Pie Jesu.
 
Le chef nancéien François Legée, au pupitre de cette dernière page, amalgama les deux formations, pour rendre digne hommage au compositeur. Le même programme sera redonné par Variations et Gradus ad Musicam, cette année encore, à Nancy, à Rennes et à Sainte-Anne d'Auray.
Marc Munch

© Dernières Nouvelles D'alsace, Mardi 05 Avril 2005.Tous droits de reproduction réservés
Publié le 04/04/2005 | Retour à la page Presse | Précédent